Rohmer au Panthéon

Nicolas Sarkozy rend hommage à Eric Rohmer

La disparition brutale hier d’ER m’a fait repasser le film de ma vie. Eric Rohmer était un visionnaire : il avait tout compris de ma vie et de mon œuvre. Il n’est pas un de ses films qui ne les retrace. Le genou de Carla (une coproduction franco-italienne comme on savait les faire dans les seventies), par exemple, est un film prémonitoire. ER avait compris bien avant tous ces empaffés d’UMP que je tomberais à genou devant Carla. La femme de l’aviateur, c’est encore Carla et moi, moi dans l’avion, elle au sol mi ré do. L’arbre amer médiatique dénonçait avec une rigueur impitoyable le cynisme des mé(dia)thèques socialistes vendéen(ne)s. Les nuits de la pleine lune s’aventurait dans les alcôves de la rue publique. Les contes de printemps, d’été, d’automne et d’hiver anticipaient génialement sur ma capacité, toutes saisons confondues, à débiter des histoires faribolesques à ces niaiseux de Français. Ma nuit chez Maud s’inspirait d’un épisode méconnu de ma vie et dont je préfère encore à ce jour ne rien dire (à l’époque je pariais, je perdais, je gagnais, gnagnagna). Dans La marquise d’O je faisais un enfant à la République sans qu’elle s’en aperçoive : celle-ci était bien embarrassée de mes œuvres. J’ai boudé Les Amours d'Astrée et de Céladon adapté d’Honoré d’Urfé. La princesse de Clèves et compagnie, merci bien ! L’ami de ma mie c’est, faut-il le préciser, l’homme aux Rolex. Perceval le galeux c’est çui dont j’ai dit qu’il était coupable, le bellâtre qui se prend pour un poète (n’est pas Chrétien de Troyes le premier morveux venu). Mon rayon vert n’a pas brillé sur Copenhague. Mais de tous les films d’ER (et d’aujourd’hui) mon préféré c’est Le beau mariage d’un avocat et d’une cavaleuse (j’allais dire d’une Collectionneuse, mais c’est peut-être moi qui les collectionne).

Auteur : Le nègre de Sarko