Sin nombre, Cary Fukunaga

Publié le 8 Novembre 2009

Un train de marchandises transporte sur le toit de ses wagons des candidats honduriens à l’émigration américaine, des sin nombre, c’est-à-dire des sans noms. Traversée du Guatemala, puis longue remontée du Mexique jusqu’au Rio Grande. Le film nous intéresse plus spécialement au destin de quelques personnages d’une même famille, et tout particulièrement à celui de Sayra, jeune et jolie Hondurienne. Si tout se passe bien, le voyage dure quinze jours.


Sin Nombre

Casper, lui, est un jeune Mexicain du Chiapas appartenant à un gang ultra-violent, la Mara. Il fait équipe avec un enfant qu’il vient d’arracher à sa famille. Initiation de l’enfant, Smiley : on le roue de coups. Deuxième étape : il doit tuer un « adversaire ». On sort de sa cage un « prisonnier ». L’enfant l’abat. Le corps est découpé – on nous épargne tout de même le dépeçage – et livré en pâture aux chiens.


Sin Nombre

Casper a une petite amie qu’il cache aux autres membres du gang (« c’est une copine », concède-t-il). La petite amie ne prend pas la mesure de la dangerosité des membres du gang. Elle voit pourtant Casper et Smiley se faire proprement démolir le portrait parce qu’ils ont commis une quelconque faute vénielle. Elle se laisse approcher d’un peu trop près par Lil Mago, l’un des chefs ultra-tatoués de la Mara : tentative de viol, mort violente.

Lil Mago présente ses condoléances à Casper : une de perdue, dix de retrouvées. Casper ne laisse rien paraître.

Au passage du train, Lil Mago, Casper et Smiley détroussent les voyageurs honduriens. Pluie torrentielle. Les passagers clandestins se protègent sous des bâches en plastique. Soulevant l’une de ces bâches, le trio tombe en arrêt devant une jeune femme, Sayra précisément. « Elle est canon », tranche Lil Mago. Il entreprend conséquemment de la violer, demandant l’assistance de ses compagnons braqueurs. La plastique de Sayra n’est pas sans rappeler celle de l’ex petite amie de Casper. Celui-ci, rompant sans espoir de retour le pacte communautaire, tranche d’un coup de sabre le cou du chef violeur.

Smiley ne pourra se disculper aux yeux de la Mara que s’il tue Casper. Le gang (c’est-à-dire la mort) est désormais à ses trousses. Thriller. Mais Sayra ne lâche pas non plus Casper. De plus, elle le sait : « Ce n’est pas la main de Dieu, c’est les griffes du diable qui me conduiront aux USA ».

L’amour et la mort avancent désormais d’un même pas. Ou plutôt : sont désormais posés sur les mêmes rails.


Sin Nombre

Sin nombre
est un spectacle cinématographique moderne, violent, esthétisant, qui, malheureusement, ne pose réellement ni les questions politiques ni ne soulève les interrogations éthiques que le sujet appelle pourtant.

 

Jean-Luc Jousse

Rédigé par immarcescible

Publié dans #cinéma

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