Pater, Alain Cavalier

Publié le 20 Juillet 2011

Alain Cavalier a depuis longtemps largué les amarres du cinéma traditionnel. Le compère, adepte d’un cinéma autobiographique et quasiment insulaire, s’est choisi cette fois-ci un comparse, Vincent Lindon, dont la garde-robe impressionne davantage que les gardes du corps dont il est flanqué.

Filmeur facétieux du quotidien, Alain Cavalier imagine pour son dernier opus un dispositif qui lui permet de brouiller les frontières du réel et de l’imaginaire. L’idée est de faire un film sur et/ou avec Vincent Lindon, l’ami et l’acteur. Mais Cavalier s’invite dans le film et deviendra Président de la République tandis que Lindon sera son Premier ministre.

 

Pater

 

Un Président de la République et son futur Premier Ministre dressent un plan de campagne devant des vins de garde (républicaine) au garde-à-vous. Les commensaux se posent la question de la commensurabilité des salaires au sein d’une même entreprise. Vincent Lindon, chef d’entreprise dans le film, défend le principe que le salaire d’un patron ne peut excéder plus de dix fois celui d’un ouvrier et se propose de fabriquer un programme autour de ça. Mais de même qu’il y a des anti-manuels scolaires de ceci ou de cela (dont, pour nous éviter des aigreurs, nous ne dirons rien), il y a des anti-films de cinéma qui, eux au moins, nous font sourire. Car c’est une farce que nous propose Alain Cavalier. Farce de frappe, farce qui ne prend pas le spectateur (ni son acteur) pour un dindon (quoique). Très « work in progress », Pater fait de la salle de cinéma un lieu d’exposition d’art contemporain. La voiture du Premier Ministre hérissée de pioches nous rappelle irrésistiblement la Salle des Jacqueries du château d’Oiron dans laquelle l’artiste Braco Dimitijevic présente une trilogie composée de portraits royaux disposés de biais, de fourches plantées dans les murs et de noix de coco.

 

Pater

 

Habiter une fonction c’est d’abord porter l’habit : un costume, une cravate sans éclat, et surtout ce colifichet qui change tout : une légion d’honneur. Ce n’est pas Pascal, auquel on pense souvent, qui contredira Cavalier : « L'homme n'est que déguisement, mensonge et hypocrisie, et en soi-même et à l'égard des autres ».

 

JLJ

 

Rédigé par immarcescible

Publié dans #cinéma

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