Hors Satan, Bruno Dumont
Publié le 4 Novembre 2011
Bruno Dumont (la vie de Jésus, Hadewijch, etc.) continue d’escalader le ciel en arpentant le bout de terre qui le vit naître. Soit un paysage de dunes dans ce bout du Pas-de-Calais et, au milieu, dans la lumière du jour ou dans celle d’un feu de camp, un errant mystique, un Christ sans religion, un peintre sans pinceau, un orateur muet, un écrivain qui a jeté l’encre…
L’errant tue ou guérit, indifféremment, ou presque… Une adolescente, aimantée, aime la santé ténébreuse de l’hôte des dunes calaisiennes. Elle lui rend visite chaque jour, le nourrit aussi. Pour toute assiette, l’ascète se contente de pain. De peu.
Bruno Dumont nous administre son sérum nietzschéen et réveille en nous le surhomme qui dormait. Il jette par-dessus bord tout l’appareil de la psychologie, le bien, le mal et la morale. Ne restent que la toile, le bruit du vent et les réminiscences cinématographiques (Dreyer, Bergman) ou philosophiques (Kierkegaard) scandinaves.
Dumont est hanté par la transcendance à sec (sans les saintes huiles). Ça plane pour lui, en témoigne ces plans de rapaces apocalyptiques qui ponctuent le film.
Alors, évidemment, Hors Satan n’est pas un film plan-plan, c’est un film de broussailles dans lesquelles le feu mystique se propage à la moindre étincelle narrative…
Les plans, parlons-en ! Ils sont très composés et souvent admirables. Peu de plans moyens, dans Hors Satan. Mais des plans très larges ou des gros plans. Le plan moyen qui sévit si souvent dans le cinéma français (le médiocrissime Skylab en regorge, par exemple), c’est bien sûr un plan dans lequel se tartine à loisir le cinéma psychologique ou sociologique (des familles).
Rantanplan