Le surréalisme en acte

Publié le 2 Juillet 2008

Qu’est-ce qui n’est pas « surréaliste » aujourd’hui ? Le terme est tellement galvaudé qu’on serait enclin à juger « surréaliste », sans plus, c’est-à-dire absurde, grotesque, la bavure militaire de Carcassonne. Mais si on y prête bien attention, l’armée française et en son sein le sergent qui a tiré dans la foule, faisant dix-sept blessés, ont mis en pratique les ignobles et réjouissantes rêveries anarcho-dadaïstes de l’auteur des Manifestes du surréalisme. Bien sûr on arguera du caractère involontaire et purement accidentel de l’incident. Mais à ce niveau d’impéritie l’acte manqué relève de la performance artistique de la plus belle eau.

Dans le Second manifeste du surréalisme, André Breton déclare tranquillement que « l'acte surréaliste le plus simple consiste, revolvers au poings, à descendre dans la rue et à tirer au hasard, tant qu'on peut, dans la foule. Qui n’a pas eu, au moins une fois, envie d’en finir de la sorte avec le petit système d’avilissement et de crétinisation en vigueur a sa place toute marquée dans cette foule, ventre à hauteur de canon ».

Les automobilistes se ruent à l’assaut des gilets de signalisation désormais obligatoires : leur a-t-on dit que ces gilets ne paraient pas les balles mais bien plutôt les désignaient comme cibles, visibles à trois cent mètres, de jour comme de nuit, pour snipers désœuvrés ?

 

  Jean-Luc Jousse 

 

Publié dans #actualité

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